Philosophie, sagesse et mieux vivre
L’actualité internationale ne semble pas des plus réjouissantes. L’a-t-elle jamais été, me direz-vous ? Les flashs d’infos à la télévision ou les articles qui apparaissent en continu sur nos smartphones nous abreuvent de nouvelles que nous devons digérer sur le pouce, sans vraiment prendre le temps d’y réfléchir.
Les écrans qui nous entourent nous exhortent à penser vite et à vivre vite, nous empêchant de méditer calmement, tout en flattant notre paresse.
Est-ce la raison du succès des personnes qui savent manier de courtes phrases bien démagogiques et les lancer comme des bonbons sur une population prête à tout pour croire en un monde meilleur ? Faut-il s’inquiéter de la stupidité humaine ?
Heureusement, il nous reste les livres !
Je vous invite à ouvrir un livre, à vous plonger dans le texte rédigé par autrui, à ressentir une respiration d’émotions et à poursuivre une réflexion entamée au cœur du récit …
Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même.
Extrait du roman de Daniel Pennac « Comme un roman ».
Les livres qui nous ouvrent à la philosophie
Bien que le terme de « philosophie » puisse de prime abord décourager, certains ouvrages nous apprennent à nous investir dans cet « amour du savoir » d’une façon agréable. C’est le cas pour le fabuleux essai de :
Luc Ferry : « Apprendre à vivre. Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations. »
L’auteur français nous raconte l’histoire de la philosophie depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Il nous explique les origines des grands courants de la pensée philosophique comme s’il parlait à son élève. C’est ainsi que nous apprenons que surmonter la peur de la mort et apprendre à vivre heureux sont les objectifs de la philosophie.
L’engouement est palpable au sortir de cette lecture. Plus instruit que jamais sur la philosophie, le lecteur dispose d’une panoplie d’outils pour appréhender l’existence et sa finitude.
Faute de parvenir à croire en un Dieu sauveur, le philosophe est d’abord celui qui pense qu’en connaissant le monde, en se comprenant soi-même et en comprenant les autres autant que nous le permet notre intelligence, nous allons parvenir, dans la lucidité plutôt que dans une foi aveugle, à surmonter nos peurs.
Extrait de l’ouvrage de Luc Ferry : « Apprendre à vivre. Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations. »
Je conseille vivement cet essai pour celles et ceux qui ont envie d’approfondir leurs connaissances dans cette matière. Les personnes à qui je l’ai recommandé ont toutes été conquises.
Jostein Gaarder « Le Monde de Sophie »
L’auteur, né en Norvège, est professeur de philosophie. Dans son roman initiatique, Sophie, une jeune fille, reçoit des lettres avec des questions existentielles. Elle va tenter d’y répondre en s’inspirant des grands courants philosophiques depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours.
Tu vois, la grande différence entre un professeur d’école et un vrai philosophe, c’est que le professeur croit connaître un tas de choses qu’il n’arrête pas de vouloir faire apprendre de force à ses élèves, alors qu’un philosophe essaie de trouver des réponses aux questions qu’il se pose avec ses élèves.
Extrait du roman de Jostein Gaarder « Le Monde de Sophie »
Cette fiction romanesque s’emploie à initier le lecteur à la philosophie tout en le divertissant par le biais d’un récit qui tente de vulgariser le sujet. Cette manière agréable d’aborder la philosophie a conquis de nombreux lecteurs.
Irvin Yalom « La Méthode Schopenhauer »
Irvin Yalom, auteur et psychiatre américain, a publié plusieurs ouvrages qui mêlent la fiction à un récit inspiré de l’histoire d’un philosophe, comme « La Méthode Schopenhauer », « Le problème Spinoza » ou encore « Et Nietzsche a pleuré ».
Dans « La Méthode Schopenhauer« , des séances de thérapie de groupe sont menées par Julius, un psychothérapeute qui vient d’apprendre que sa fin est proche. Parallèlement à cette fiction qui nous apprend à apprécier les différents membres du groupe, l’auteur nous raconte la vie de Schopenhauer, penseur du détachement et précurseur de la psychanalyse.
Des ponts sont jetés entre les deux facettes du roman et l’auteur réussit avec brio à tisser des liens entre la philosophie et la psychologie pour trouver des réponses aux questions existentielles.
Les sermons sur la vie et sur la mort, Julius les connaissait aussi bien que n’importe qui. Il était d’accord avec les stoïciens, pour qui « dès notre naissance, nous commençons à mourir », et avec Epicure, qui disait : « La mort n’est rien pour nous, car quand nous sommes, la mort n’est pas là et, quand la mort est là, nous ne sommes plus. »
En tant que médecin et psychiatre, il avait susurré ces mêmes paroles de consolation aux oreilles des mourants. Bien que convaincu que ces sombres réflexions fussent utiles à ses patients, jamais il n’avait envisagé qu’elles pussent le concerner lui.Extrait du roman de Irvin Yalom « La Méthode Schopenhauer »
Le talent de l’auteur est incontestable. Ses romans nous permettent d’aborder la philosophie grâce à la fiction et, par ce biais, d’enrichir nos connaissances.
Rainer Maria Rilke « Lettres à un jeune poète »
Roman épistolaire retraçant la correspondance de 1903 à 1908 entre un jeune officier de l’armée austro-hongroise et le poète autrichien Rainer Maria Rilke. L’élève officier confie ses doutes et ses questions existentielles à son aîné et sollicite son avis sur ses propres poèmes. Dans ses réponses, Rilke expose le fond de sa pensée sur la création artistique, l’existence, la solitude, l’amour et les femmes.
Si votre vie quotidienne vous paraît pauvre, ne l’accusez pas ; accusez-vous plutôt, dites-vous que vous n’êtes pas assez poète pour en convoquer les richesses.
Les échanges résonnent comme des réflexions intemporelles, empreintes d’authenticité, sur de nombreuses questions qu’une jeune personne est susceptible de se poser encore aujourd’hui. Cette correspondance incite à prendre son temps pour méditer sur le sens des phrases écrites par l’auteur.
Extrait du livre de Rainer Maria Rilke « Lettres à un jeune poète »
Vous êtes si jeune, vous êtes avant tout commencement, et je voudrais, aussi bien que je le puis, vous prier, cher Monsieur, d’être patient envers tout ce qu’il y a d’irrésolu dans votre cœur et d’essayer d’aimer les questions elles-mêmes comme des chambres fermées, comme des livres dans une langue très étrangère. N’allez pas chercher maintenant les réponses qui ne peuvent vous être données puisque vous ne pourriez pas les vivre. Et il s’agit de tout vivre. Vivez maintenant les questions. Peut-être en viendrez vous à vivre peu à peu, sans vous en rendre compte, un jour lointain, l’entrée dans la réponse.
Extrait du livre de Rainer Maria Rilke « Lettres à un jeune poète »
Journée mondiale de la philosophie
Clin d’oeil festif à la Journée mondiale de la philosophie qui a eu lieu ce jeudi 21 novembre.
Sur le site de l’Unesco qui célèbre la Journée mondiale de la philosophie le troisième jeudi du mois de novembre, il est mentionné :
En dehors d’être une discipline, la philosophie est aussi une pratique quotidienne qui peut transformer les sociétés et stimuler le dialogue des cultures. En éveillant à l’exercice de la pensée, à la confrontation raisonnée des opinions, la philosophie aide à bâtir une société plus tolérante et plus respectueuse. Elle permet ainsi de comprendre et d’apporter une réponse aux grands défis contemporains, en créant les conditions intellectuelles du changement.
A bon entendeur ! 🙂