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Il était une fois – Elle était deux fois

Infirmière et maman de trois enfants, Gaëlle Bracker, originaire de Dijon, publie aux Éditions Baudelaire son troisième roman. Le récit se déroule au Grand-Duché de Luxembourg, son pays d’adoption.

Rencontre avec l’auteure française de « Elle était deux fois »

Votre livre aborde toute une série de thématiques, comme les difficultés à trouver le grand amour, la puissance de l’amitié, le deuil familial, les relations toxiques ou encore le surnaturel. Pouvez-vous me dire quel est pour vous le fil conducteur et l’inspiration qui ont tout particulièrement guidé l’écriture du récit ?

Le fil conducteur de ce roman, comme du précédent, est sans conteste celui des relations toxiques. Ce thème me tient profondément à cœur. Au fil des années, j’ai constaté que beaucoup de femmes de mon entourage étaient victimes de manipulateurs pervers, et qu’elles hésitaient à demander de l’aide, convaincues que le comportement de leur compagnon était de leur faute. Ayant traversé moi-même ce type de relation, j’ai longtemps choisi le silence, persuadée que personne ne comprendrait. Ce déni m’a isolée et rendue encore plus vulnérable face à une situation déjà très difficile à affronter seule.

La thématique des violences domestiques au début du roman est bien abordée grâce au menu détail des échanges entre le bourreau et la victime.  On sent qu’une tension sourde s’installe dans le quotidien de la protagoniste. Pourquoi ce sujet vous tient-il particulièrement à cœur ?

Les violences domestiques s’installent rarement de manière brutale. Elles s’infiltrent, doucement, jusqu’à prendre toute la place. Et la question que l’on pose presque toujours à une femme brisée — « Pourquoi es-tu restée ? Moi, je serais partie au premier signe ! » — montre à quel point ce mécanisme reste mal compris.
Un homme toxique ne frappe pas d’emblée. Il commence par hausser le ton, insulter, menacer, puis finit par dépasser une première limite. Il s’excuse, promet que c’était exceptionnel, et l’amour aide à pardonner. À chaque dispute, la frontière recule un peu plus, jusqu’à enfermer la victime dans une spirale où la honte la pousse à se taire et à sauver les apparences. Ce roman, comme le précédent, vise d’abord à dire aux femmes concernées qu’elles ne sont pas seules. Que des milliers d’autres vivent la même chose. Et que parler est souvent le premier pas vers la liberté.

Un autre sujet qui revient ponctuellement dans la narration a trait au surnaturel. Mais à l’exception de quelques chapitres qui lui sont entièrement consacrés, la façon dont vous en parlez reste secondaire par rapport au récit des mésaventures amoureuses de la protagoniste. Quel était votre objectif lorsque vous avez décidé d’introduire cette particularité dans votre narration ?

Pour contrebalancer la gravité du sujet, j’ai voulu apporter une touche de mystère. Le surnaturel s’est imposé comme un bon moyen de créer du suspense et de la légèreté.
Certaines anecdotes m’ont été racontées par des proches ; d’autres viennent de mon vécu. Même si je reste très cartésienne, je me surprends parfois à penser qu’il se passe autour de nous des choses que nous ne comprenons pas. Ces clins d’œil paranormaux offrent un souffle plus léger à l’histoire, tout en ajoutant une dimension intrigante au quotidien des personnages.

Originaire de Dijon, le Luxembourg est votre pays d’adoption. Il est amusant de rencontrer quelques phrases luxembourgeoises dans votre narration. Que pensez-vous de ce pays ? Pourquoi vous semble-t-il tellement chargé d’ombres et de mystères que vous ayez eu envie d’introduire le paranormal dans un récit qui se déroule au Grand-Duché de Luxembourg ?

Le Grand-Duché de Luxembourg mérite, à mes yeux, d’être bien plus connu.
Ses habitants sont profondément attachés à leur pays, à leurs traditions et à leur langue, qui connaît d’ailleurs un bel essor malgré la coexistence du français et de l’allemand comme autres langues officielles administratives.
Près de la moitié de la population est étrangère, et ce mélange de cultures — environ 170 nationalités pour moins de 700 000 habitants — crée une richesse humaine fascinante.
Je suis littéralement tombée amoureuse de ce pays : de ses paysages, de son ouverture, et de son système éducatif remarquable, qui permet aux enfants de grandir en parlant minimum quatre langues, ce qui offre des chances incroyables pour leur avenir. 
Concernant l’aspect paranormal, le Luxembourg est un pays comportant de très nombreuses légendes, depuis sa fondation. La plus célèbre est l’histoire de Mélusine, reprise dans mon roman. Les nombreux sentiers de randonnées, les divers châteaux rénovés ou en ruines, les contes racontés aux enfants entretiennent le mythe d’un pays mystérieux. Et les gens adorent se faire peur, c’est bien connu ! Je me suis donc amusée à reprendre quelques légendes et à me baser dessus pour installer un climat surnaturel progressif dans cette histoire, toujours dans le but de faire découvrir ce pays aux lecteurs et attiser leur curiosité. 

Photo de l'auteure Gaëlle Bracker

Votre titre énigmatique « Elle était deux fois » fait référence à « Il était une fois » et le remplace. Pouvez-vous nous éclairer sur ce choix ?

Il faut lire le livre pour découvrir l’explication du titre… 😉

Par ailleurs, le titre de chaque chapitre renvoie à une chanson. Etes-vous musicienne ? Ecrivez-vous en écoutant de la musique ? Encouragez vous votre lecteur à lire le chapitre en écoutant la chanson mise en évidence dans le titre ?

J’ai toujours eu des soucis de concentration, depuis petite. J’ai commencé à écouter de la musique avec un casque lorsque je faisais mes devoirs afin de me couper des bruits environnants. Cette habitude ne m’a plus quittée, et j’ai procédé de la même manière pour rédiger mes romans. Certaines chansons m’ayant inspirée pour la rédaction de nombreux chapitres, j’ai trouvé intéressant de les proposer aux lecteurs afin de les mettre dans l’ambiance de ce qu’ils allaient lire… un peu comme dans un film, lorsqu’une musique de fond accompagne une intrigue. 

Pensez-vous que la lecture de votre roman puisse faire du bien au moral et s’inscrive dès lors dans la thématique du blog www.lire-pour-guerir.com ?

Je pense que mon roman vous propose un joli voyage au sein d’un pays méconnu de beaucoup de gens, et donc qu’il peut vous permettre de vous transporter dans un monde qui vous fera sourire voire rire, pleurer, vous énerver et même vous faire peur. Donc pourquoi pas vous faire du bien au moral ? En tous cas, n’hésitez pas à me dire si cette histoire vous a apporté quelque chose.

Avez-vous d’autres projets d’écriture ? Pouvez-vous nous dévoiler les thèmes qui vous sont chers et que vous souhaiteriez aborder dans un futur roman ?

Écrire des passages paranormaux m’a énormément amusée. Je me trouve en ce moment enlisée dans  une période compliquée de ma vie personnelle faisant que je n’ai pas le temps d’écrire quoi que ce soit, mais les idées continuent de fuser dans mon esprit. Il est possible que je tente l’expérience quand ma vie redeviendra un peu plus calme… J’ai également, depuis deux ans, un nouveau projet de livre pour enfants. Je compte aussi le mener à bien, sans m’imposer de deadline. 

Un grand merci à Gaëlle Bracker pour avoir répondu en toute sincérité aux questions concernant son roman « Elle était deux fois » paru aux Editions Baudelaire.

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