Couverture du roman de Annie Ernaux "Une femme"
Vieillesse, mort, deuil

Une femme

Une femme a reçu le prestigieux prix Nobel cette année…

« Une femme » est aussi le titre d’un des romans de la lauréate, Annie Ernaux, auteure française récompensée « pour le courage et l’acuité clinique avec lesquels elle dévoile les racines, les aliénations et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ».

Prix Nobel

Alfred Nobel, l’inventeur suédois de la dynamite, laisse une grosse fortune à sa mort. Dans son testament, il prévoit la création d’une institution qui sera chargée de récompenser tous les ans des personnes ayant rendu de grands services à l’humanité dans cinq disciplines : la diplomatie (paix), la littérature, la chimie, la médecine et la physique.

La première cérémonie eut lieu le 10 décembre 1901 à Stockholm. Hormis quelques exceptions, les prix Nobel sont décernés chaque année et la cérémonie de remise des prix a lieu le 10 décembre, jour de l’anniversaire de la mort d’Alfred Nobel.

Annie Ernaux, première « auteure » française à recevoir le prix Nobel de littérature

Jusqu’ici, 16 écrivains français ont reçu ce prestigieux prix de littérature, parmi lesquels Sully Prudhomme (le premier à avoir obtenu le prix Nobel de littérature en 1901), André Gide, François Mauriac, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, J.M.G. Le Clézio etc. sans oublier Patrick Modiano qui l’a reçu en 2014.

Annie Ernaux fait désormais partie du tableau des lauréats français en tant que première femme récompensée.

L’écrivain(e) qui reçoit le prix Nobel de littérature doit, grâce à son œuvre littéraire, avoir « fait la preuve d’un puissant idéal », selon Albert Nobel.

D’inspiration autobiographique, les romans d’Annie Ernaux tentent de comprendre le réel en mettant en lumière le passage du temps, ainsi que le travail combiné de la mémoire et de l’oubli. A travers ses expériences, elle donne à voir la réalité collective de tout un chacun.

Son écriture sobre et débarrassée de tout ornement touche profondément en évoquant des émotions à portée universelle.

« Une femme »

Paru en 2011 aux Editions Gallimard, le roman « Une femme » d’Annie Ernaux retranscrit les souvenirs et sentiments de l’auteure envers sa mère qui vient de décéder alors qu’elle était atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Le récit relate le combat d’une femme, issue de la classe ouvrière, qui est devenue commerçante et s’est efforcée toute sa vie d’échapper à la pauvreté et de faire en sorte que sa fille s’instruise pour s’élever dans la société.

A travers sa plume directe, Annie Ernaux tente de tisser les liens qui l’unissent à sa mère, et par delà, les liens qui unissent sa mère à l’histoire.

Ceci n’est pas une biographie, ni un roman naturellement, peut-être quelque chose entre la littérature, la sociologie et l’histoire. Il fallait que ma mère, née dans un milieu dominé, dont elle a voulu sortir, devienne histoire, pour que je me sente moins seule et factice dans le monde dominant des mots et des idées où, selon son désir, je suis passée.

Extrait du roman de Annie Ernaux « Une femme »

Vibrant hommage à une femme, sa mère

De mon point de vue (et je suis certaine que vous partagerez cet avis avec moi), il s’agit d’un superbe hommage envers sa mère qui s’est battue toute sa vie pour survivre à sa condition sociale, pour améliorer celle de sa fille et qui, finalement, s’est éteinte alors qu’elle était atteinte de la maladie d’Alzheimer. Cette déchéance mentale, l’auteure avoue avoir du mal à la relier à la personne « forte et lumineuse » qu’était sa mère.

Ce que j’espère écrire de plus juste se situe sans doute à la jointure du familial et du social, du mythe et de l’histoire. Mon projet est de nature littéraire, puisqu’il s’agit de chercher une vérité sur ma mère qui ne peut être atteinte que par des mots.

[…]

Pourtant, je sais que je ne peux pas vivre sans unir par l’écriture la femme démente qu’elle est devenue, à celle forte et lumineuse qu’elle avait été.

Extraits du roman de Annie Ernaux « Une femme »

Les mots sont pour l’auteure le meilleur moyen de combler le vide de l’absence de sa mère, d’affronter les souvenirs et de pallier l’oubli collectif.

Il s’agit d’un roman terriblement émouvant, d’autant plus qu’il est traité avec authenticité et sobriété et qu’il renvoie quelque part à nos expériences personnelles.

Il me tarde de lire d’autres romans de cette auteure qui mérite le prix Nobel à plus d’un titre.

Bonne lecture !

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