Photo du roman de Brigitte Giraud - "Vivre vite"
Injustice,  Vieillesse, mort, deuil

« Vivre vite » ou comment s’expliquer la mort d’un proche

Brigitte Giraud a remporté le Prix Goncourt 2022 avec son roman « Vivre vite« , publié chez Flammarion, dans lequel elle entame une démarche d’écriture particulière visant à faire le deuil de son mari, emporté par un accident de moto le 22 juin 1999.

Vive vite ou un récit en si…

Je reviens sur la litanie des “si” qui m’a obsédée pendant toutes ces années. Et qui a fait de mon existence une réalité au conditionnel passé

Extrait du roman « Vivre vite » de Brigitte Giraud

L’auteure française entame ce récit au moment où elle doit vendre la maison qui, selon elle, fait partie des causes qui ont mené à l’accident ayant coûté la vie à son mari. Cette maison, Claude Giraud ne l’aura jamais habitée. Peut-être que si tous deux n’avaient pas décidé de déménager à l’époque et si chacun des faits successifs décortiqués par l’auteure, n’avait pas eu lieu, peut-être que le journaliste musical de 41 ans serait toujours en vie.

« Vivre vite » est un récit émouvant où prédomine le sentiment d’injustice et d’incompréhension face à l’inéluctable. Celles et ceux qui ont connu les affres du deuil reconnaîtront certainement les émotions qui émergent de cette quête de sens, douloureuse et nécessaire pour surmonter le vide laissé par un être cher.

Vivre vite ou une « enquête intime et sociologique »

L’auteure interroge la notion du destin et cherche du sens dans ce qui en est à priori dépourvu . Si l’étymologie du mot « accident » fait référence au hasard (ou « jeu de dés » en arabe), le destin signifie « ce qui était écrit » en langue arabe. Sachant cela, Brigitte Giraud cherche à découvrir si l’événement tragique était réellement écrit.

Dans une interview sur Radio France, Brigitte Giraud revient sur le parcours de l’écriture de son livre qui, dit-elle, fait également émerger des liens avec le collectif. Elle fait par exemple référence au lieu de l’accident, sur le boulevard des Belges, devant l’hôtel Reine Astrid : curieusement cette dernière est également décédée très jeune dans un accident de la route.

Vivre vite ou une histoire qui fait du bien

« Vivre vite » nous invite à interroger notre histoire, mais aussi la vitesse avec laquelle nous la vivons. Ce récit nous incite sans doute aussi inconsciemment à nous concentrer sur les choses essentielles.

Brigitte Giraud a écrit ce roman 20 ans après l’accident. Elle a pris le temps de mettre de la distance avec la tragédie. Elle a écrit ce récit autobiographique d’une façon que celui-ci puisse se relier au collectif. Le questionnement sur le monde l’intéresse au plus haut point et elle le transcrit dans l’écriture. De fait, au-delà des faits personnels, une résonance universelle transparaît dans cette histoire qui mérite bien son prix.

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Beaucoup de romans développent la thématique du deuil et de l’injustice face à la mort d’un proche. Vous trouverez un condensé de chroniques à ce sujet sur mon ancien blog en cliquant ICI, mais également une récente chronique ICI sur un roman d’Annie Ernaux, lauréate du Prix Nobel 2022 et qui parle de sa mère disparue.

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