Photo de Marie Villequier et de son roman "Et nos routes toujours se croisent"
Deuil,  Roman éclairant,  Souffrance

Pédiatre et maman endeuillée, l’écriture comme exutoire

Marie Villequier, pédiatre au sein d’un service médico-social, a récemment publié son premier roman « Et nos routes toujours se croisent » aux éditions de la Rémanence. Cette fiction qui s’inspire de son vécu personnel et professionnel relève avec brio le défi d’éclairer les pires, mais surtout les meilleurs aspects d’un service hospitalier suscitant une certaine appréhension, à savoir l’oncohématologie pédiatrique.

« Et nos routes toujours se croisent »

Résumé : Brillant interne en pédiatrie, Étienne se noie dans le travail pour anesthésier sa culpabilité d’avoir laissé sa mère gérer la fin de vie de son père cancéreux avec qui il était en froid. Contraint d’effectuer un stage en oncohématologie pédiatrique où tout ravive en lui une douleur qu’il tente depuis des mois d’étouffer, le jeune médecin commet une erreur médicale grave qui le pousse à se remettre en question. Confronté à la résilience de ces enfants à qui la maladie n’a rien épargné, Étienne verra son monde vaciller et ses certitudes totalement bouleversées.

Résumé sur la quatrième de couverture du roman de Marie Villequier « Et nos routes toujours se croisent »

Ce roman choral donne la parole à tous les individus qui côtoient le service d’oncopédiatrie : le personnel soignant et de soutien (médecins, infirmières, stagiaires, clowns professionnels), mais également les parents des enfants atteints de cancer ainsi que ces mêmes enfants ou adolescents.

Les ennuis des uns y croisent les malheurs des autres et un réseau d’entraide prend forme permettant à tous de « survivre » face à la souffrance et à la perte d’un être cher.

Lorsque le jeune interne interroge son médecin tuteur sur la façon dont il supporte le côté « éprouvant » de sa spécialité, celui-ci lui répond :

Ce qui est certain, c’est que dans ce service, tout est exacerbé, la beauté comme la laideur. On a tout le cocktail pour péter un boulon et jeter l’éponge. Mais il y a aussi toutes les couleurs de la vie, ses forces et ses faiblesses. Moi, je m’y sens entier et je n’ai jamais voulu en changer. […] C’est un travail en équipe, avec les soignants, avec les parents, avec les enfants. Je trouve cela extrêmement gratifiant !

Extrait du roman de Marie Villequier « Et toujours nos routes se croisent »

Marie Villequier a le mérite de mettre en évidence les aspects lumineux, humains et généreux d’un service où planent souffrance et mort et où le personnel soignant, aux dépens de toute vie privée, s’acharne à la tâche jusqu’aux limites du supportable.

La belle surprise jaillit alors de cette main tendue qui vient des malades et de leur famille et qui démontre la capacité de résilience des victimes du cancer.

L’écriture-refuge face au deuil

L’écriture de ce roman a permis à l’auteure française Marie Villequier de se raccrocher à la vie et de se reconstruire après le décès de sa fille cadette, à quelques jours du terme. Face au traumatisme de cette douleur, elle a renoué avec l’écriture, une passion de jeunesse qu’elle avait délaissée pour se consacrer à sa vocation de pédiatre oncohématologue.

Une formation en écriture créative lui a donné les clefs pour structurer et finaliser son histoire qu’une tension dramatique rend pour le moins captivante et très agréable à lire.

Je vous invite à écouter Marie Villequier parler de son roman « Et nos routes toujours se croisent » dans une interview sur Sénévé magazine :

Une lecture bienfaisante

Dans une autre interview postée sur le blog getbook.com , Marie Villequier pense que « la littérature offre au lecteur une chance de voir ses propres luttes reflétées dans les expériences de personnages auxquels il peut s’identifier. Il peut ainsi vivre des expériences immersives tout en gardant une distance sécurisante, ce qui lui permet d’apprendre de ses émotions pour ensuite affronter ses propres difficultés. C’est là tout le pouvoir de la littérature : celui de transformer des souffrances individuelles en une humanité partagée. »

Le sujet que Marie Villequier aborde s’inspire de ses propres émotions et expériences personnelles en tant que médecin, mais également en tant que maman endeuillée. Avec son roman « Et nos routes toujours se croisent », l’auteure française souhaite sensibiliser les lecteurs aux défis que rencontrent les enfants et adolescents atteints de cancer tout en démystifiant le service hospitalier qui les accueille et les soigne. L’histoire invite aussi à regarder au-delà des apparences pour tenter de comprendre les attitudes des uns et des autres et faire preuve d’empathie et de compassion.

Marie Villequier espère que ce récit pourra réconforter les parents et enfants qui vivent des parcours similaires tout en encourageant la recherche et les associations de soutien dans ces domaines.

« Je pense aussi que des récits qui touchent à l’intime et qui réussissent à mobiliser des émotions avec justesse et nuance permettent d’éveiller des consciences et de passer à l’action », confie-t-elle dans l’interview susmentionnée.

C’est toute la destinée que nous souhaitons à ce beau récit bienfaisant !

Photo couverture du roman de Marie Villequier "Et nous routes toujours se croisent"

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