Photo de la couverture du roman d'Ornella Nomber "Le prix des bonnes intentions"
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Le prix des bonnes intentions

Premier coup de coeur de 2025 ! L’intrigue familiale captivante, « Le prix des bonnes intentions » d’Ornella Nomber, publié en décembre 2024, évoque les conséquences funestes des secrets familiaux tout en dévoilant les difficultés liées aux différences entre les cultures, les religions et les époques. Ce récit bien ficelé parle aussi et surtout des problèmes concernant la maternité « dans tous ses états ».

Dans cette histoire, la protagoniste Eden qui a fait ses études de médecine à Paris, vit à Tel Aviv où elle vient de mettre au monde une petite fille et se débat dans son nouveau statut de parent unique. Lorsqu’elle apprend que sa mère est retenue en prison à Paris, elle se rend dans sa famille restée là-bas et se trouve inextricablement confrontée aux secrets du passé, mais également à ses propres choix plus récents.

L’auteure Ornella Nomber a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à quelques questions au sujet de ce premier roman auto-édité qui mérite vraiment le détour.

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L’une des thématiques essentielles de votre roman concerne la maternité, voire la parentalité et ses non-dits, à savoir d’un côté les problèmes liés à l’infertilité ou au choix de ne pas avoir d’enfant, et d’un autre côté, les difficultés d’assumer le rôle de mère, que ce soit avec un bébé, une famille nombreuse ou un enfant handicapé. Les diverses situations sont difficiles à partager avec son entourage parce que la société nous renvoie à des images idéales où l’échec est toujours perçu comme suspect. Pourquoi cette thématique vous tenait-elle à cœur ?

De manière générale, j’aime défendre l’idée que les choses sont toujours plus compliquées que ce qu’elles paraissent et que les jugements que nous portons sont souvent erronés parce que nous ne connaissons pas les nuances de la situation. Notamment, on se précipite pour juger les mères. Elles sont trop ou pas assez. J’ai trois enfants et en les accueillant, j’ai réalisé qu’une seule mère peut être trois mères différentes selon l’âge et la place de l’enfant. J’ai voulu traiter du thème de la maternité en exposant ses complexités et rendre hommage aux mères qui font, dans la plupart des cas, toujours au mieux.

Un autre fil rouge de ce roman est la double culture et les différences qui en émanent. Vous faites de nombreuses comparaisons entre les villes de Paris et Tel Aviv, mais également des comparaisons plus ou moins sous-entendues entre les religions, en mettant particulièrement l’accent sur les diverses facettes et coutumes du judaïsme. Pouvez-vous nous expliquer ce qui a donné lieu à ces comparaisons dans vos écrits ?

J’ai grandi en France et à l’âge de 22 ans, je me suis installée en Israël. Avec ce départ, j’ai acquis, graduellement, une deuxième langue et une deuxième culture. Cela m’a enrichie à bien des égards, mais cela m’a aussi bouleversée. Deux cultures, ce sont des repères en plus et des repères en moins parce qu’on finit par être un peu étranger partout. 

Pour ce qui est de la religion, comme pour la maternité, j’aime l’idée qu’il s’agit d’un thème complexe et que la plupart du temps, s’abstenir de juger est toujours la meilleure des solutions.

Portrait de Ornella Nomber, auteure du roman "Le prix des bonnes intentions"

Les secrets familiaux sont les ressorts de ce récit qui prend la forme d’une véritable intrigue à suspense. La responsabilité du ou des protagonistes sur le cours des événements semble toutefois moins importante que le contexte lui-même. Est-ce correct ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le contexte est essentiel, mais à mes yeux, il est ce qui porte les protagonistes et leur donne une chance de prendre ou pas leur responsabilité, de révéler ou de continuer à obstruer pour donner à voir quelque chose de plus lisse.

« Ton monde est libre et simple. Ton monde est égalitaire. Dans ton monde, les pères homosexuels peuvent faire appel à des mères porteuses. Les mères stériles peuvent suivre des traitements et avoir des enfants. Je veux te rappeler que le monde que tes parents ont connu était très différent. Dans leur monde, la moindre incartade du schéma consacré était une condamnation au renoncement. Et c’est dans ce contexte qu’ils ont fait ces choix. »
Extrait du roman d’Ornella Nomber « Le prix des bonnes intentions »

Vous faites également allusion au monde passé en comparaison avec les libertés du monde contemporain, notamment pour expliquer les secrets d’autrefois liés à l’infertilité et à l’homosexualité. Cette donnée explique-t-elle à elle seule les non-dits du roman ?

Je pense en effet qu’il était plus simple de mentir dans le passé. L’accès à la vérité était plus contraint. Il était plus simple de se dire qu’on n’avait pas le choix. Aujourd’hui, mentir c’est savoir qu’on va se faire prendre à un moment ou à un autre. On valorise la confrontation. On comprend aussi que la vérité, même si elle est dure, est plus simple à digérer. Je pense notamment aux dégâts faits par ce que l’on n’a pas raconté dans les familles juives après guerre. Pour répondre à la question, l’époque joue beaucoup.

« Le prix des bonnes intentions » est un titre énigmatique qui signifie peut-être que des actions faites de bonne foi peuvent donner lieu à des catastrophes. Cette interprétation vous semble-t-elle exacte par rapport à votre récit ?

Je dirais plutôt qu’on peut vouloir bien faire en mentant ou en ne disant pas les choses, mais que sans engendrer de catastrophe, cela a toujours un prix pour la personne à qui on cache les choses. Même sombre ou cruelle, la vérité a le mérite de permettre d’affronter les choses comme elles sont. Et je suis convaincue que c’est la seule manière, au final, de les surmonter. On ne vit pas bien avec ce qu’on ne sait pas.

Bravo pour votre plume qui est addictive et agréable à lire ! Avez-vous des projets d’écriture pour le futur ?

Merci beaucoup. J’ai deux projets: un nouveau roman et la réécriture d’un roman écrit il y a plus de dix ans.

 

Un tout grand merci à Ornella Nomber pour ses réponses et n’hésitez pas à vous plonger dans cette lecture addictive que l’on peut se procurer sur Amazon en cliquant sur le lien

ICI : « Le prix de bonnes intentions » d’Ornella Nomber

Copie de la couverture du roman d'Ornella Nomber "Le prix des bonnes intentions"
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