Les bienfaits d’une uchronie
Avec son récit « La fille qui sauva Hiroshima » , publié aux Editions Gephyre, Stéphane Desienne ré-écrit l’Histoire, en ce jour du 6 août 1945 à Hiroshima . Ce court roman est à recommander pour un détournement salvateur et poétique d’une réalité tragique survenue durant la Seconde Guerre mondiale.
Uchronie
L‘uchronie est définie en littérature comme un récit fictif qui repose sur une alternative à un fait de l’Histoire.
Le 6 août 1945, la ville japonaise Hiroshima a été la cible de la première bombe atomique, larguée à 8h15, heure locale, par le bombardier américain B-29 Enola Gay. Ce bombardement, suivi par celui de Nagasaki trois jours plus tard, a conduit à la capitulation du Japon, mettant fin à la Seconde Guerre mondiale.
Et si la ville d’Hiroshima avait été épargnée ?
C’est là qu’intervient la plume d’un auteur français Stéphane Desienne qui est parti d’un autre postulat en nous décrivant les événements qui ont précédé, mais aussi les événements qui ont suivi en 1960 cette journée fatidique.
Un récit à deux voix
Le récit se déroule à deux voix.
D’un côté, une jeune Japonaise de douze ans aperçoit en rêve son grand frère, pilote kamikaze de l’armée, qui lui demande d’accomplir une mission à quelques jours du 6 août 1945.
D’un autre côté, un historien américain proche du président des USA est chargé en 1960 de faire la lumière sur un fait qui aurait dû se produire le 6 août 1945, mais dont l’explication reste dissimulée dans des recoins obscurs et irrationnels.
Ces deux trajectoires sont-elles appelées à se percuter ?
Poésie plus que science-fiction
Stéphane Desienne, auteur français de science-fiction, est sorti de sa zone de confort pour nous relater une fiction qui s’appuie sur un contexte historique tout en incluant des ingrédients mystiques et en usant avec brio des ficelles du suspense.
Le lecteur s’émeut devant la tragédie qui frappe la famille de la jeune fille et suit avec empressement les investigations de l’historien américain pour connaître la façon dont ces deux récits parviendront à se rejoindre dans l’espace et le temps.
La surprise est de taille et nous laisse devant une conclusion réconfortante : l’amour et le don de soi peuvent parfois vaincre le destin.
Court, mais foisonnant
La petite taille du roman n’empêche pas sa richesse, organisant des rencontres improbables avec l’Histoire et ses protagonistes tels Oppenheimer ou Truman, s’imprégnant de mythologie hindouiste et renvoyant aux forces de l’Univers pour s’accrocher à ce qui aurait pu ne pas être :
« L’Univers enferme ses forces les plus puissantes dans l’infiniment petit, des quantités colossales d’énergie cachées dans les replis de l’espace et du temps comme un origami multidimensionnel. »
Extrait du roman de Stéphane Desienne « La fille qui sauva Hiroshima ».
Il n’est pas courant de revisiter l’Histoire en lui accordant une seconde chance. Le plaisir en est d’autant plus intense en lisant cette uchronie.

2 commentaires
Light And Smell
J’en lis peu mais c’est un genre que j’apprécie alors je note 🙂
Lire pour guerir
Une belle lecture que je te recommande d’autant plus si tu apprécies ce genre.