Roman historique

Apprendre l’histoire par la fiction

L’apprentissage de la grande histoire se fait généralement sur les bancs de l’école. Les faits politiques ou économiques qui ont marqué le cours des événements nationaux ou internationaux y sont relatés avec moult dates et détails.

Parce qu’ils font appel aux émotions et donc à l’empathie du lecteur, les récits historiques peuvent aider à mémoriser les épisodes qui ont imprégné l’histoire de l’humanité. Mais afin de parfaire ses connaissances, il est nécessaire de questionner la précision et l’exactitude des faits qui sont relatés dans les fictions, et donc poursuivre ses recherches après lecture.

Travail de l’historien vs travail du romancier

Comme le romancier, l’historien rend compte du passé par une mise en récit et une forme de travail narratif. Toutefois, contrairement au romancier, l’historien doit respecter certaines contraintes pour révéler la vérité et comprendre les faits.

Le romancier, pour sa part, n’est pas soumis à une obligation d’authenticité. Mais sa fiction peut faire revivre les mobiles, les tensions et les émotions qui ont conduit les êtres humains à agir comme ils l’ont fait dans la réalité historique.

Exigence d’un esprit critique

Le roman historique permet au lecteur d’intérioriser les faits en s’identifiant aux personnages, et facilite par conséquent leur mémorisation.

En revanche, il est essentiel d’évaluer l’exactitude d’un récit historique en le comparant à d’autres traces du passé. C’est ce qui ressort notamment du dossier thématique « Fiction et histoire une complémentarité au service de la construction de la réalité sociale » que vous pouvez retrouver ICI,

Cette exigence de connaissances et donc de critique historique devrait idéalement exister avant la lecture d’un roman historique. Ces points sont soulevés dans le cadre de l’enseignement des matières historiques à la jeunesse (cfr un article ICI à ce propos).

Livre d’histoire et roman historique

Il me serait impossible de citer tous les merveilleux romans historiques – souvent volumineux – figurant dans les annales de la littérature et dont le cadre du récit se déroule dans l’une ou l’autre période marquante de la grande histoire.

Je préfère vous parler ici de deux ouvrages qui ont tout particulièrement attiré mon attention voici plusieurs années et dont je me rappelle comme des exemples parfaits pour illustrer d’une part, le roman historique, et d’autre part, le livre d’histoire.

Roman historique :

« Les Cygnes sauvages » de Jung Chang

Publié en 1991 au Royaume-Uni et en version française en 1992 aux éditions Plon, ce roman a fait l’objet de nombreuses traductions et s’est vendu à des millions d’exemplaires dans le monde. Il retrace l’histoire de la Chine au 20e siècle à travers trois générations de femmes. Jung Chang, l’auteure de cette autobiographie est née dans la province du Sichuan, en Chine, en 1952. Elle nous relate les (més)aventures de sa grand-mère, celles de sa mère, ainsi que sa propre histoire au fil des événements chaotiques qui ont secoué la société chinoise durant le siècle dernier. Elle-même est devenue brièvement garde rouge à l’âge de 14 ans, puis successivement paysanne, « docteur aux pieds nus », ouvrière et, plus tard enfin, professeur à l’université du Sichuan. En 1978, elle quitte la Chine et obtient un doctorat de linguistique en 1982 dans une université britannique.

Ce récit historique n’est pas à proprement parler une « fiction », mais il se lit comme un roman et non comme un livre d’histoire. La lecture de ce récit nous saisit littéralement par les émotions, tout en nous ouvrant également une fenêtre sur l’histoire de la Chine. C’est grâce à ce roman que j’ai appris plein de choses sur ce qui s’est déroulé dans ce pays et sur l’enfer qu’ont vécu de nombreuses personnes au siècle dernier.

Je recommande vivement cette lecture à toute personne intéressée par l’histoire de la Chine au 20e siècle.

Livre d’histoire :

« La Grande histoire du monde » de François Reynaert

Prix des lecteurs du livre de poche en 2018, ce volumineux ouvrage reprend de façon synthétique et pédagogique l’histoire « globale » du monde depuis les origines. L’auteur français nous explique dans son introduction la méthode qu’il a choisie pour appréhender l’histoire de l’humanité, à savoir en optant pour la manière « globale » :

[Le principe de base] consiste à regarder l’histoire du monde dans sa réalité multiple, c’est-à-dire en cessant de se contenter du seul point de vue occidental qui a trop longtemps prévalu.

Extrait de « La Grande histoire du monde » de François Reynaert

Ainsi, le lecteur s’instruit non seulement sur l’histoire occidentale, mais également sur l’histoire des cinq continents et leurs interconnections respectives. Cette approche novatrice a le mérite de faire un tour d’horizon complet des événements de l’humanité. Qui plus est, le style de François Reynaert est agréable à lire et on ne s’ennuie pas en traversant les diverses civilisations qui ont peuplé ou peuplent encore notre monde.

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