Boîtes à livres
Lire, c’est entrer dans une dimension de partage avec autrui.
L’auteur utilise sa plume pour exorciser ses émotions en les communiquant à ses lecteurs à travers ses romans. De son côté, le lecteur accueille le récit et en perçoit les vibrations qui pourraient accompagner son vécu. Voilà pourquoi l’écriture et la lecture d’un récit sont par essence des actes de partage.
Les boîtes à livres ou boîtes à lire participent à cet esprit de partage en donnant à tout un chacun l’opportunité de bénéficier gratuitement de la lecture d’un ouvrage, et également en lui permettant d’offrir en retour un ouvrage à la communauté des lecteurs.
Principe de la boîte à livres
Vous avez certainement déjà entraperçu dans votre paysage urbain ces boîtes multicolores, parfois très originales, qui contiennent quelques ouvrages littéraires. Une petite indication près de la boîte vous informe que vous pouvez prendre un livre et que vous pouvez aussi y déposer un autre livre si vous le souhaitez. Aucune formalité n’est requise, sinon le respect vis-à-vis de cette démarche participative qui encourage la lecture et le partage des récits.
A Stresa (Italie) – photo 2024
Histoire de la boîte à livres
L’origine des premières boîtes à livres provient de Graz en Autriche et date de 1991 lorsqu’un duo d’artistes Clegg & Guttmann réalise une œuvre sous le nom de « bibliothèque ouverte » (die offene Bibliothek) dans le cadre d’un projet artistique qui visait à sortir l’art des murs du musée.
Selon un article en ligne de www.actualitte.com du 20 avril 2018, l’intention des artistes était de rechercher un « dispositif faisant dialoguer le musée et la cité » et vérifier si cela inciterait d’une part les visiteurs de musées à aller voir les bibliothèques (ce qui fut le cas), et d’autre part, les utilisateurs de bibliothèques à aller aux musées (ce qui ne fut pas le cas).
Le projet fut renouvelé en Allemagne, et le concept de la micro-bibliothèque publique s’est peu à peu propagé dans toute l’Europe, mais aussi à l’étranger (USA, Canada…).
A Eischen (Grand-Duché de Luxembourg) – photo 2024
Boîtes à lire, également œuvres originales et artistiques
Outre son caractère social et participatif, la boîte à livres, ou boîte à lire, ou encore micro-bibliothèque se distingue souvent par son côté original, voire artistique. Ces micro-bibliothèques publiques présentent un aspect coloré qui attire le regard et la curiosité. On les retrouve sous des formes diverses, la plus répandue étant celle d’une petite maisonnette. Il faut noter aussi que les boîtes situées à l’extérieur doivent être suffisamment solides pour résister aux intempéries.
Il est amusant par exemple de constater que d’anciennes cabines téléphoniques, voire des pièces de mobilier ont été transformées en boîtes à lire.
A Freylange (Belgique) – 2024
A Dinan (France) – photo 2020
Recensement des boîtes à lire
De nombreuses initiatives ont vu le jour pour permettre de trouver une boîte à livres. En Europe, de nombreuses bibliothèques publiques sont enregistrées via le projet Open Book Case.
Parmi les nombreux sites ou liens recensant des boîtes à livres, je cite par exemple la base de données sur https://www.boites-a-livres.fr/ qui répertorie les boîtes selon les départements en France. De même en Belgique, ce lien via Google vous aide à retrouver aisément une boîte à livres dans votre région.
Adeptes des boîtes à livres
Dans un article publié en février 2024 sur le site telerama.fr (ICI), le sociologue Claude Poissenot, spécialiste de la lecture et qui répond aux questions nous informe que la majorité des utilisateurs sont des femmes. Selon ses dires, la logique d’emprunt des boîtes à livres n’est pas la même que celle des bibliothèques ou librairies. Il existe ici un aspect « surprise » qui plaît, car on ne sait jamais sur quel ouvrage on peut tomber dans une boîte à lire.
L’usager qui dépose un livre le fait souvent pour s’en débarrasser, parce que ce livre ne lui a pas plu particulièrement, mais en sachant toutefois que cet ouvrage pourrait intéresser une autre personne.
Car le livre n’est pas un produit ordinaire que l’on jette facilement aux ordures. Il « véhicule un imaginaire » qui a toutes les chances de s’avérer utile – et j’ajoute : bienfaisant ! – pour quelqu’un.
A Pigra (Italie) – photo 2024
2 commentaires
Light And Smell
J’adore le principe des boîtes à livres et leur belle diversité.
Lire pour guerir
Tout à fait ! 😊